Salon RH Suisse 2019 – la table ronde de swissstaffing en rétrospective: «Flexwork et protection sociale ‒ une contradiction?»

Pour l'édition 2019 du Salon RH au Palexpo Genève, swissstaffing, partenaire officiel, avait choisit un sujet très actuel : Flexwork et protection sociale ‒ une contradiction?

Pour en discuter publiquement, une table ronde animée par Nasrat Latif, journaliste et producteur TV indépendant, accueillait quatre invités venant tous de secteurs différents :

• Yvonne Baumgartner, Head of Business Solutions, Manpower SA
• Boris Eicher, Responsable service juridique, swissstaffing
• Marco Taddei, Responsable Suisse romande, Union patronale suisse
• Nicolas Rochat Fernandez, Conseiller national, PS vaudois

Pour ouvrir le débat, Nasrat Latif met l'accent sur le fait qu'aujourd'hui, « on ne conçoit plus le travail comme on le concevait avant. La vie privée a une importance toute aussi grande, si ce n'est plus grande encore que le travail ».

Rappelons que sur le plan économique, les temps continuent de changer. Les bouleversements sur le marché du travail ‒ dus entre autres aux nouvelles technologies ‒ conduisent aussi à la flexibilisation des formes de travail et de ce fait au flexwork. Ce dernier permettant notamment une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Mais qu'en est-il du flexwork ou plutôt du travail flexible?

 

La loi actuelle ne donne pas de définition légale pour le flexwork. Boris Eicher montre que les travailleurs flexibles peuvent néanmoins être répartis en deux catégories : Il y a d'un côté ceux « qui travaillent de manière flexible parce qu'ils le souhaitent. Ça correspond à leur besoin». D'un autre côté le travail flexible est choisi pour « à moyen ou long terme trouver un emploi fixe ». Concernant la flexibilité en elle-même, celle-ci peut être définie selon le temps de travail, le lieu de travail ou la forme de travail.

Les avis divergent quant au flexwork. Avec l'instauration de plateformes (par exemple Uber) naissent de nouvelles formes de travail qui sont vendues comme étant « trendy» et qui créent « une certaine insécurité sur la place de travail » selon Nicolas Rochat Fernandez, qui s'attend alors à « une précarisation des droits du travailleur ».

En Suisse, il y a « un mouvement, une sorte d'équilibre » dans la société liés au fait que le travail flexible n'est pas seulement sollicité par les employés, mais aussi par les sociétés et donc par les employeurs, tout particulièrement pour le domaine IT et pour des profils, des compétences et des salaires très élevés. En comparaison avec d'autres pays (USA, Grande-Bretagne ou Pays-Bas), Yvonne Baumgartner constate également que la législation suisse et plus restrictive vis-à-vis des freelances.

Le concept de la flexibilité ne se fait pas « au détriment des travailleurs » souligne Marco Taddei. Il ajoute que le « marché du travail en Suisse est flexible » et non pas trendy. En revanche, le fait que les travailleurs à temps partiel ne veulent pas de travail fixe et demandent la flexibilité, « ça c'est trendy », conclue-t-il.
Boris Eicher fait référence aux statistiques de la branche. Ainsi, les travailleurs temporaires représentent aujourd'hui 2,3% de la population active de Suisse et la moitié confirme que le choix de travail temporaire « correspond à leur style de vie ».

A travers l'exemple d'Uber, deux sujets brûlants sont mis en avant : La qualification problématique de la forme de travail par voie législative ainsi que la protection sociale des travailleurs concernés. A cause des nouvelles formes de travail, la question est de savoir si un conducteur Uber est salarié ou indépendant. D'où la question de la couverture sociale selon la forme de travail. Pour Marco Taddei, le système actuel ne doit « pas être transformé, mais adapté ». C'est également dans ce sens qu'Yvonne Baumgartner propose de « s'adapter aux évolutions qui se passent sur le marché ».

N'oublions pas que des « formes de travail qui existent déjà juridiquement » ainsi que des solutions de branche concernant l'APG et la LPP permettent de « couvrir les nouvelles formes de travail flexible » explique Boris Eicher. Dans le cadre de la location de services, il souligne que la CCT en vigueur depuis 2012 « prévoit de nombreux acquis sociaux » et permet donc d'assurer « l'ensemble des travailleurs temporaires » sans lacunes. Pour Nicolas Rochat Fernandez, la formation continue doit être une obligation financée par les employeurs, « afin de lutter contre la hausse du chômage ». « La formation continue n'est pas un coût, c'est un investissement » (Marco Taddei) qu'il faut toutefois savoir gérer, car « la responsabilité de formation dans la flexibilisation est poussée plutôt vers les employés » (Yvonne Baumgartner).

C'est sur la question du portage salarial que la discussion en public touche lentement à sa fin. Qu'en est-il ? Est-ce que le portage salarial est la solution aux problèmes des personnes qui désirent travailler de façon indépendante ? Si cette nouvelle forme de travail « se traduit par un salarié déguisé » qui en réalité n'est autre qu'un freelance complètement dépendant de quelqu'un, alors cela devient problématique, argumente Nicolas Rochat Fernandez. En revanche, Boris Eicher voit le portage salarial ainsi que le payrolling comme des solutions positives et même comme « modèle d'avenir », avant de conclure que « flexibilité et sécurité sociale » pourraient de ce fait être combinées.

swissstaffing remercie chaleureusement tous les participants de la table ronde pour leurs précieuses contributions ainsi que pour leurs points de vue enrichissants.