Salon RH Suisse 2020 – la table ronde de swissstaffing en rétrospective: «Flexwork»

L'édition 2020 du Salon RH s'est présentée sous une forme nouvelle, les circonstances actuelles obligent. C'est ainsi que l'événement a été rebaptisé «Salon RH Online Expo» et a eu lieu en «live stream».

swissstaffing, fidèle participant, avait organisé une table ronde numérique sur le sujet «Flexwork». Une fois de plus, Nasrat Latif, journaliste et producteur TV indépendant, animait le débat auquel des invités de marque étaient conviés:

  • Robin Gordon, CEO d'Interiman Group
  • Jolanta Krattinger, responsable du service juridique chez Syna
  • Rafael Lalive, professeur ordinaire d'économie appliquée et d'économétrie à la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne
  • Boris Eicher, responsable du service juridique de swissstaffing

Répercussions de la crise sanitaire sur le monde du travail

La discussion a débuté sur le sujet «flexwork» pour lequel il n'y a certes pas de définition légale dans le droit suisse, mais pour lequel il existe une sorte de consensus en lien avec les axes du temps, du lieu et du rapport de travail. La flexibilisation des formes du travail permet ainsi de mieux concilier activité professionnelle et vie privée.

La crise sanitaire que nous traversons actuellement a encouragé la flexibilité ainsi que l'indépendance professionnelle. Elle a de plus démontré à travers l'exemple du télétravail que celui-ci «rend flexible le travail inflexible des salariés», qui représente une grande majorité de la population suisse. (Rafael Lalive)

Néanmoins, il faut «nuancer, car une grande partie de la population active en suisse ne pourra pas recourir au télétravail, simplement parce que leur outil de production n'est pas déplaçable». (Robin Gordon)

La crise sanitaire a également révélé l'accentuation du travail au noir, un rapport de travail non-conforme au cadre juridique ainsi qu'absolument «inadmissible et intolérable» puisque les personnes concernées ne sont pas déclarées et manquent de sécurité sociale. (Robin Gordon)

L'employeur est responsable de la conclusion de rapports de travail conformes à la Loi sur le travail. «Le recours au travail temporaire, qui est strictement régulé par la loi et par la Convention collective de travail Locations de service, permet d'échapper à ce travail au noir». (Boris Eicher)

Flexwork et protection sociale

La crise sanitaire a également levé le voile sur l'importance de la protection sociale surtout chez les travailleurs flexibles. Dans certains domaines, des situations de précarité se sont instaurées qui «ne peuvent pas être acceptées». (Jolanta Krattinger)

Cette précarité sociale, étroitement liée au métier exercé et donc à la forme de travail, est déplorable. A l'avenir, la protection sociale devra aussi être offerte à de nouvelles formes de travail.

Actuellement, le «portage salarial» est en train de se développer, grâce aussi aux plateformes. Un compromis qui permet aux personnes qui étaient à l'origine indépendants «de concilier flexibilité souhaitée tout en bénéficiant de couverture sociale». (Robin Gordon)

La protection sociale est donc primordiale, la santé des travailleurs flexibles également. Des dispositions légales doivent être trouvées pour les nouvelles formes de travail qui demandent certaines fois une disponibilité élevée. Celle-ci peut engendrer une surcharge de travail et poser des problèmes de santé. Comme il n'est pas toujours facile de «poser des limites entre travail et vie privée, on doit avoir une coupure». (Jolanta Krattinger)

Un autre aspect à ne pas négliger est la prévoyance professionnelle. Une révision du seuil d'admission permettrait aux travailleurs flexibles de bénéficier d'une couverture sociale, même en travaillant moins. «Ainsi, ils atteindraient malgré tout le seuil obligatoire». (Jolanta Krattinger)

swissstaffing et ses partenaires sociaux ont, dans le cadre de la Convention collective de travail Locations de services, développé une solution : «Le seuil annuel est abaissé sur un niveau horaire qui permet aux personnes concernées d'être assurées dès la première heure de travail. Une telle solution devrait absolument être reprise dans les discussions sur la révision de la prévoyance professionnelle» (Boris Eicher).

En route vers une nouvelle génération de travailleurs flexibles?

Un changement culturel est constaté: Une nouvelle génération de travailleurs flexibles, qui ont «pour vocation de travailler sur les valeurs, le futur, la modification», attire l'attention des entreprises. Celles-ci devront ajuster leurs modèles de travail pour répondre aux attentes de cette génération qui cherche l'équilibre entre vie professionnelle et privée. (Rafael Lalive)

Le défi ne sera pas une mince affaire, puisque plusieurs questions se posent: Comment quantifier le travail réalisé ainsi que le travailleur qui «oscille entre différents environnements qu'il aimerait garder» ? (Robin Gordon)

Dans ce contexte, ce ne sera pas la surcharge de travail qui sera problématique, mais le cadre juridique imposé par la Loi sur le travail qui réglemente un temps de travail maximum par semaine. «Les travailleurs flexibles ne travaillent pas plus qu'avant, mais ils ont besoin de plages plus larges pour pouvoir produire leurs prestations, justement parce qu'ils ont d'autres intérêts et une envie de pouvoir concilier le travail avec d'autres activités». (Boris Eicher)

swissstaffing remercie chaleureusement tous les invités de cette table ronde numérique pour leurs contributions intéressantes ainsi que pour leur expériences partagées.

www.salonrh.com