La transformation du monde du travail par la numérisation est déjà en marche. Premièrement, la numérisation modifie les profils professionnels à travers tous les secteurs et tous les niveaux de qualification. Deuxièmement, la recherche d'emploi et le recrutement ont eux aussi tendance à se dérouler dans l'univers virtuel. Et troisièmement, de nouvelles formes de travail voient le jour dans la «gig economy», à savoir des réseaux de travailleurs indépendants à la Uber ou Airbnb, et d'autres systèmes innovants B2B ou B2C.
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Il est difficile de prévoir la direction que prendront ces différents champs d’activité ainsi que le nombre d’emplois qui seront créés par le biais de l’industrie 4.0. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la numérisation nous réserve encore quelques surprises. Comme l’ont montré toutes les révolutions industrielles par le passé, de nouveaux profils professionnels émergent tandis que d’autres se transforment et d’autres encore disparaissent complètement. Sur le long terme, la numérisation ne devrait pas avoir de répercussions significatives sur le taux de chômage. Mais à plus court terme, il se peut que le marché du travail soit confronté à des problèmes d’ordre structurel liés au fait que les travailleurs ne disposent plus des qualifications nécessaires. Dans un tel contexte, la flexibilité et la volonté de changer joueront un rôle essentiel.
Néanmoins, cette évolution ouvre également de nouvelles portes: la gig economy permet à certaines personnes qui n’avaient pas accès au monde du travail figé d’hier d’intégrer aujourd’hui le marché du travail. C’est en cela que je considère la numérisation comme une réelle opportunité pour le marché du travail, car les outils numériques facilitent beaucoup de choses, tant pour les entreprises et les clients que pour les employés. L’utilisation de gadgets numériques est aujourd’hui déjà pour beaucoup une évidence, à tous les niveaux de formation. Et c’est pour nous une opportunité en or: la mégatendance de la numérisation pourrait être la solution au mégaproblème de l’évolution démographique.
Quels changements vont rattraper le secteur du travail temporaire?
Les procédures de recrutement, de sélection et de placement continueront de se numériser et de s’accélérer. La compétence technologique deviendra donc un facteur de réussite pour les services de l’emploi.
Le secteur du travail temporaire a de bonnes chances de gagner encore en attractivité à l’avenir. En tant que forme d’emploi, le travail temporaire répond aux besoins des employés et des entreprises en matière de flexibilité. Grâce dispositif réglementaire sophistique de la location de services via la convention collective de travail et la loi, cette flexibilité n’intervient pas aux dépens de la sécurité sociale, à la différence d’autres nouvelles formes d’emplois flexibles.
Peut-on réguler la numérisation?
Tout bouleversement s’accompagne à moyen terme d’une régulation adaptée. Le monde numérique risque cependant d’être plus difficile à réglementer et à contrôler, car les acteurs se déplacent, avec leur virtualité, au sein de clouds mondiaux capables de se soustraire aux réglementations nationales. Quoi qu’il en soit, nous avons tout à gagner à aborder les nouvelles formes d’emploi et de travail de manière ouverte, et à ne pas les asphyxier par le biais de lois et autres directives avant qu’elles n’aient eu le temps de se développer correctement.
La scène politique doit prévoir l’infrastructure et les conditions légales cadres pour que l’économie puisse sauter sur ces nouvelles occasions et évoluer favorablement. Car, dans le monde numérique comme ailleurs, la réussite économique ne sera offerte à personne. Les entreprises doivent rester créatives et innovantes si elles veulent suivre l’évolution de la numérisation de l’économie et en tirer profit.
Une question reste en suspens: peut-on se permettre de ne pas prendre le train de la numérisation? Je ne pense pas. Car la numérisation est bien plus qu’une simple tendance ponctuelle vouée à disparaître aussi rapidement qu’elle est née. La numérisation est une réalité, et chacun doit apprendre à s’y familiariser.
Portés par tous les avantages de la numérisation, de l’automatisation et de la robotisation, nous ne devons pas perdre de vue l’aspect humain. En tant que société, nous maîtriserons la numérisation avec brio, au même titre que nous parvenons à créer un équilibre harmonieux entre avancée économique, mesures réglementaires et responsabilité sociale.
